Les esclaves du paradis Son soleil, ses plages et ses grands complexes hôteliers font de la République Dominicaine un paradis sur terre. Mais comme tout décor de théâtre, l’envers n’est pas à l’avenant et la tragédie est cruelle. L’industrie sucrière est un pan important de l’économie du pays, mais un problème est inhérent à l’exploitation de la canne à sucre : la main d’œuvre. Le pays voisin, Haïti, est un des plus pauvres pays au monde et la main d’œuvre y est abondante. Les deux pays partagent la même île d’Hispaniola. Les Dominicains ont une vielle haine envers leurs voisins. Près de deux siècles auparavant, les Haïtiens ont occupé leur pays. Aujourd’hui presque tous les Dominicains sont métis et par la force des choses, leur société s’est hiérarchisée en fonction des nuances de peau. Les Haïtiens, de peau très sombre sont considérés comme des sauvages par les Dominicains. Ces descendants d’esclaves ne sont bons pour eux qu’aux pires tâches et surtout celle qu’ils jugent trop dure pour eux, la « zafra », la coupe de la canne à sucre. Organisée à l’origine par les dictatures des deux pays, le trafic d’esclaves perdure. Chaque année, le gouvernement dominicain achète à son homologue haïtien un contingent de travailleurs pour les compagnies sucrières nationalisées ou non. Les candidats à l’émigration sont trompés, on leur parle de salaire, d’emploi de bureau, mais ce sera la canne à sucre et ceux qui y retournent et qui savent, y vont poussés par la faim. Ceux qui s’enfuient des bateys (plantations) sont souvent rattrapés, punis et parfois disparaissent… En échange de leur passeport qui leur est confisqué, ils reçoivent une carte d’identité du batey, qui leur interdit de travailler ailleurs et de sortir du pays. En guise de salaire, ils reçoivent des coupons qu’ils échangent contre de la nourriture et des produits de première nécessité dans l’épicerie du batey. Aujourd’hui, des voix s’élèvent contre cette exploitation indigne et elles sont souvent étrangères, c’est le cas du Père Christopher. D’origine espagnole et britannique, prêtre de nombreux bateys, il se bat pour que la cause des esclaves haïtiens soit entendue. Malgré de nombreuses menaces de mort, il poursuit son combat, mais à présent, le gouvernement dominicain souhaite l’expulser du pays.