La vallée noire en Andalousie Juin 1998, les limites du parc de Doñana ne sont plus qu’à quelques kilomètres. D’un côté et de l’autre du chemin, les rizières s’assèchent lentement, normalement. L’endroit est particulièrement calme. La seule ombre au tableau est noire. Une grande tache qui ronge la bordure des cultures. Ici on l’appelle la “saloperie”, synonyme de catastrophe écologique survenue dans la nuit du 24 au 25 avril. Près de la petite ville andalouse d’Aznalcollar, la digue d’un bassin de décantation d’une mine de cuivre, de plomb et de zinc a brusquement cédé. Une vague, suivie de 7 millions de tonnes de boues toxiques, a déboulé dans la vallée du Guadiamar, longue de 60 kilomètres. Les premiers jours ont été marqués par un grand cafouillage avec pour toile de fond une violente polémique politicienne entre l’Etat espagnol et la Région d’Andalousie. 2 400 hectares de cultures, principalement des oliviers, des abricotiers, des rizières ont été touchés. Si la mine s’est engagée à indemniser les récoltes perdues, les agriculteurs sont inquiets pour l’avenir de leurs terres, chargées de métaux lourds. Près de la confluence du Guadiamar avec le Guadalquivir, le pire a été évité dans le parc naturel de Doñana. Seul 1% de la plus grande réserve naturelle d’Europe méridionale a été contaminé. De grandes digues ont été construites pour protéger la réserve. Aujourd'hui beaucoup de mines fonctionnent de la même façon. Que cette catastrophe puisse servir d'avertissement.